En 2019, le baromètre de maturité numérique indiquait que plus d’un million de wallons seraient en marge des compétences attendues dans la vie courante. Quelle influence dans l’enseignement ? Nous faisons ici référence à une étude publiée par l’agence wallonne du numérique, accessible en ligne sur digitalwallonnia.be

André Delacharlerie, membre de l’Agence pour le numérique (Digital Wallonia), nous a fait part des derniers résultats tombés fin 2019 quant au niveau de maturité des wallons en matière de numérique. Tous les deux ans, Digital Wallonia analyse le baromètre de maturité auprès d’un échantillon de plus de 2000 personnes, de tous âges, tous niveaux de compétences envisagés, tous horizons géographiques wallons.

 

Le problème de l’équipement des ménages

Là où 46% des ménages wallons cumulent ordinateur, tablette et smartphone, il reste encore 8% de la population qui n’est équipée en rien. L’étude montre qu’il s’agit essentiellement de personnes âgées, mais pas que… L’équipement, en revanche, qui est et/ou est à amener à devenir le véhicule essentiel du numérique est le smartphone puisque 76% des ménages en sont équipés.

Le problème des usages qui se généralisent

Certaines pratiques sont devenues de plus en plus courantes et les usages les plus connus sont en nettes augmentations dans tous les secteurs. Ainsi, l’usage de l’e-mail remporte la palme des usages les plus répandus mais c’est la messagerie instantanée (sms, Messenger, WhatsApp,…) qui enregistre la plus importante augmentation en 2 ans (+19%). L’E-commerce s’est bien développé aussi puisque seuls 9% des wallons y avaient recours en 2002 contre 61% en 2019. Ces usages croisés au problème de l’équipement creusent davantage l’écart de maturité numérique.

Et les compétences alors ?

Si l’Agence du numérique promet un outil d’évaluation des compétences du numérique prochainement (équivalent de PIX en France), ils se sont servis du référentiel de compétences Digcomp 2.1 développé par l’Union Européenne pour déterminer le niveau de compétences de son échantillon. 15 tâches dites « élémentaires » qui canalisent les 5 domaines de compétences pratiques (traitement de l’info, communication, création de contenu, protection & Sécurité, résolution de problèmes techniques).

Les résultats montrent que les wallons ont un usage relativement plus passif (consommation de l’information) qu’actif (production de contenu). Les participants déclarent pour plus de 85% être d’accord avec le résultat obtenu. Pour l’anecdote, dans les 15% restants, les femmes obtiennent de meilleurs résultats que ce qu’elles attendaient à l’inverse des hommes.

La maturité numérique crée les inégalités

Les résultats finaux du test de compétences situent dès lors une fracture numérique qui s’opère auprès de la population qui a obtenu environ 20% au test. En dessous de ce résultat, on compte plus d’un million de wallons qui sont soit « fracturés numériquement », soit des usagers faibles. Ce manque de maturité numérique s’explique par ce qui a été dit précédemment, d’une part, mais aussi par le coût et l’accès (géolocalisation) à internet. Quant aux conséquences, elles se traduisent en termes d’inégalités qui aggravent, année après année, la situation de ces personnes : accès aux technologies, aux compétences numériques et à leur mise en pratique, notamment dans les services essentiels (administration, services publics, …).

Les solutions…

Un plan d’inclusion pyramidal sera prochainement présenté au gouvernement par l’Agence du numérique et reprend 4 étapes. A la base, il faut mobiliser le public, le motiver à assurer un virage numérique. S’en suit un renforcement de l’offre des services, notamment au niveau des EPN (Espaces Publiques Numériques) et des PMTIC afin que l’accès au monde du numérique soit possible pour tous. Ensuite, il faudra outiller ces réseaux et enfin, veiller à leur pilotage.

« La crise sanitaire a donné au numérique un « effet loupe » qu’il faut voir comme une opportunité de mettre des choses en place » nous dit Bruno Antoine, Président de l’Assemblée des Instances Bassins EFE.

Et les écoles dans tout ça ?

Les écoles ont été soumises, elles aussi, à un baromètre dont le dernier date de 2018 (Résultats). Si beaucoup se disent que l’enseignement n’a pas foncièrement changé en 2 ans, le Covid, on le suppose déjà, aura joué un rôle important et soudain, dans le numérique scolaire, et donc, le baromètre à venir dont nous vous donnerons le lien dès qu’il sortira.

Il reste que les élèves font partie de l’étude et que l’enseignement doit tenir compte de cette réalité. Le virage numérique est inévitable, mais il faut encore que les écoles ne fassent pas une sortie de route. Petit rappel  des ingrédients pour assurer ce virage ici ou en vidéo:

Pour revoir le webinaire « Quelles solutions pour réduire la fracture numérique d’un public fragilisé », cliquez ici.